La Bible revisitée

Le livre d’Urantia prétend être une révélation – la cinquième.
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Lecœur
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La Bible revisitée

Message par Lecœur »

Le Livre d'Urantia se présente comme une mise à jour de la tradition judéo-chrétienne. Il aborde donc un grand nombre de sujets, dont le champ dépasse largement celui de la Bible. Néanmoins, il s'évertue à suivre autant que possible le canevas de ce texte millénaire. La Bible a réussi à propager son message grâce à des épisodes marquants, mettant en scène des personnages fabuleux. Je vous propose donc de passer rapidement en revue ces passages emblématiques et ces héros de légende, et de voir quelle version la Cinquième Révélation en donne.


ADAM ET EVE Genèse 2:7 - 3:24

Pour les personnes de culture juive, chrétienne, et musulmane, soit 57% de la population mondiale,¹ Adam et Eve, créés par Dieu, sont les premiers humains, le père et la mère de tout.e homme ou femme sur Terre. Mais que nous dit la Cinquième Révélation ?

Adam et Eve appartiennent à l'ordre des élévateurs biologiques, qui œuvre dans tout l'Univers (fasc. 51). Nés et formés sur Jerusem, capitale de notre système planétaire, ils sont rematérialisés sur Terre il y a environ 38 000 ans, afin d'engendrer la race de suprahumains destinée, par croisement avec les indigènes, à relancer l'évolution de l'humanité (fasc. 74). Influencés par le Prince Planétaire Caligastia, ils enfreignent les règles. Privés alors du soutien des autorités de l'Univers et de l'immortalité, ils ne peuvent mener leur mission à son terme (fasc. 75). Ils mourront à plus de 500 ans (76:5) et retrouveront Jerusem par ascension spirituelle, comme des humains normaux (76:6). Jugés responsables mais non coupables de l'échec de leur mission, ils intégreront le corps de contrôle consultatif d’Urantia.


CAÏN ET ABEL Genèse 4:1 - 4:17

Caïn est le fruit de la faute, l'amour interdit entre Eve et un chef humain. Abel est le premier enfant d'Adam et Eve né hors de l’Éden. Caïn, agriculteur selon la tradition adamite, voit cependant ses offrandes au temple moins appréciées par les prêtres, des indigènes, que celles d'Abel, éleveur comme eux. Abel l'ayant humilié une fois de plus en raison de leur différence d'origine, Caïn, furieux, le tue. Repenti, il quittera le pays d'Adam, où il avait toujours été mal considéré, pour celui de son père Nodite (76.2).




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L'ARCHE DE NOÉ Genèse 6:7 - 9:29

Pour 4,4 milliards de croyants ou assimilés, Noé constitue avec sa famille, et un couple de chaque espèce animale, les seuls survivants d'un déluge envoyé par Dieu pour anéantir l'humanité. Noé et sa femme, élus de Dieu, sont donc, après Adam et Eve, les parents de tous les humains. Comment le Livre d'Urantia s'en sort-il avec cette aventure fort romanesque, mais qui peut laisser parfois un peu perplexe ? ²

Et bien comme ça :


Noé était un viticulteur vivant il y a environ 5000 ans sur les rives de l'Euphrate. Ayant remarqué que le fleuve connaissait des crues de plus en plus fortes, il se construisit une maison capable de flotter. Un jour, une inondation plus forte que les autres emporta tout le village, et seule Noé, sa famille, et ses animaux, furent sauvés (78:7.5).

Pas de déluge universel, juste un village inondé. Pas de navire titanesque, mais une simple maison flottante. Une maison flottante.? Voilà une bonne idée pour nos zones inondables, régulièrement sinistrées. Comment se fait-il que personne n'y ait pensé.?




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LA TOUR DE BABEL Genèse 11:1 - 11:9

Selon le Livre d'Urantia, l'épisode de la Tour de Babel se réfère à un évènement bien antérieur à l'arrivée du couple Adamique. Mais les auteurs de la Bible faisant débuter l'Histoire humaine à Adam et Eve, ils ne pouvaient le placer qu'après.

Il y a 500 000 ans le Prince Caligastia vient sur Terre succéder aux Porteurs de Vie. Ses cent associés suprahumains fondent la cité de Dalamatia en Mésopotamie, afin d'éduquer les indigènes (fasc. 66). Il y a 200 000 ans, l'adhésion de Caligastia à la rébellion du système divise son équipe, entraîne la ruine de Dalamatia, et plonge le monde dans le chaos (fasc. 67). Il y a 150 000 ans, des Nodites, peuples descendants des éducateurs rebelles croisés aux indigènes, commencent l'érection d'un monument destiné à renforcer leur cohésion en glorifiant leur passé prestigieux. Mais les mésententes entre les différents peuples Nodites sur la philosophie de ce projet immense, avortent l'entreprise, conduisent à la guerre, et à la division définitive des Nodites (77:3).



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SODOME ET GOMORRHE, les Filles de Loth Genèse 18:20 - 19:38

Une histoire biblique assez particulière, que l'on peut rappeler :

Trois hommes apparaissent à Abraham près de Mamré. Deux s'en vont vers Sodome, tandis que L’Éternel informe Abraham qu'il va détruire Sodome et Gomorrhe. Le neveu d'Abraham, Loth, vivant à Sodome, voit arriver les deux anges qu'il invite chez lui. La population accoure et exige que ces hommes sortent. Certain d'une malveillance, Loth propose à leur place ses deux filles vierges. La foule menaçante refuse mais ne peut entrer dans la maison. Les anges poussent la famille à fuir sans se retourner, car la cité va être détruite. Les gendres restent, sceptiques. L’Éternel détruit alors les deux cités. La femme de Lot s'étant retournée est changée en statue de sel. Réfugié dans une caverne avec ses deux filles, Loth est alors enivré par celles-ci, qui, craignant qu'il n'y ait plus d'hommes, veulent tomber enceintes de ses œuvres. Chacune, effectivement, engendrera ainsi un peuple.

Un texte encore une fois très romanesque, haut en couleurs et riche de rebondissements, qui soulève nombre de questions, différentes peut-être selon que l'on croie ou non à l'histoire. Mais le Livre d'Urantia balaye tout cela en quelques mots :
93:6.7 les trois êtres célestes apparurent à Abraham dans la plaine de Mamré. Ils apparurent effectivement, malgré leur association avec les récits ultérieurs, fabriqués de toutes pièces, relatifs à la destruction naturelle de Sodome et Gomorrhe. Et ces légendes des évènements de ce temps montrent combien la morale et l’éthique étaient arriérées, même à cette époque relativement récente.

On n'en saura pas davantage, sinon que cette catastrophe naturelle se produisit alors qu'Abraham était très lié au roi de Sodome, ville voisine où demeurait Loth. On ne nous dit pas ce qu'il advint de ce dernier, ni si Abraham, dont l'histoire continue, a été affecté de quelque façon que ce soit par cet évènement, ni qui sont ces « trois êtres célestes », et ce qu'ils voulaient à Abraham. L'un d'eux est sans doute Melchizédek (voir l'épisode suivant) personnage auquel le fascicule est consacré. A son sujet, il est écrit :
93:8.1 Ce fut peu après la destruction de Sodome et de Gomorrhe que Machiventa décida de mettre fin à son effusion de secours sur Urantia. La décision de Melchizédek de terminer son séjour dans la chair fut influencée par de nombreux facteurs dont le principal était la tendance croissante des tribus environnantes, et même de ses associés immédiats, à le regarder comme un demi-dieu, à le considérer comme un être surnaturel, ce qu’il était d’ailleurs réellement ; mais on commençait à le révérer indument et avec une crainte hautement superstitieuse.
On imagine bien, en tout cas, que si les gens d'alors avaient pensé que Melchizédek avait un rapport avec la destruction de ces deux villes, ils se fussent mis à le regarder avec une encore plus grande « crainte hautement superstitieuse ».

Le Livre d'Urantia entretient ostensiblement le mystère. Ce sujet n'est donc pas clos. A suivre peut-être, mais dans une autre enfilade (si tout va bien).




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LE SACRIFICE D'ABRAHAM Genèse 22:1 - 22:18

Il s'agit d'un épisode majeur de la Bible. Pour les chrétiens, il fait d'Abraham le père de la foi. Pour les juifs c'est un évènement que la liturgie rappelle quotidiennement et qu'il faut célébrer tous les ans. Ce que font d'ailleurs aussi les musulmans lors de leur plus grande fête, l'Aïd al-Adha. Rappelons l’histoire.:
  • Abraham, à près de cent ans, s'est plaint à Dieu de n'avoir pas d'héritier. Dieu lui a alors promis que sa femme de 90 ans, Sarah, enfanterait, ce qui se produit peu après avec la naissance d'Isaac.Quelques années plus tard, a lieu le fait crucial : Dieu ordonne à Abraham de lui offrir Isaac en holocauste. Ayant préparé le bûcher-autel, Abraham est sur le point d'égorger son fils lorsqu'un ange retient sa main. Un bélier passant par là est alors sacrifié à la place d'Isaac. En récompense de son obéissance, Dieu promet à Abraham de bénir sa postérité entre toutes les nations.

Noter que pour l'Islam, c'est Ismaël, le fils qu'Abraham a eut avec sa servante (et considéré comme l'ancêtre des Arabes) qui est l'objet du sacrifice. Comment le Livre d'Urantia présente-il cette histoire ô combien édifiante ? Et bien… il ne la présente pas beaucoup. Pour les trois religions, cet acte essentiel fait d'Abraham le fondateur du monothéisme, le modèle des croyants, le père du peuple élu. Mais la cinquième Révélation n'y fait que deux discrètes allusions, sans se prononcer clairement sur sa véracité.:
89:6.8 Bien que choquant pour les susceptibilités civilisées, le spectacle d’Abraham contraint de sacrifier son fils Isaac n’était pas une idée nouvelle ou étrange pour les gens de cette époque. La pratique a longtemps prévalu chez les pères, à des moments de grande tension émotive, de sacrifier leur fils premier-né. De nombreux peuples ont une tradition analogue à cette histoire, car il exista jadis une croyance universelle et profonde à la nécessité d’offrir un sacrifice humain lorsqu’il était arrivé quelque chose d’extraordinaire ou d’insolite.

93:9.3-4 après la disparition de Melchizédek, Abraham (…) fit bientôt des conversions chez les Philistins et le peuple d’Abimélech, puis signa un traité avec eux. En revanche, il fut contaminé par nombre de leurs superstitions, en particulier par leur pratique de sacrifier le fils ainé de chaque famille.

Pourquoi les révélateurs évoquent-ils la question pour finalement l'éluder.? Sans doute parce que pour eux, Abraham, pas plus qu'aucun homme, ne s'est jamais entretenu avec Dieu. En matière de spiritualité, son interlocuteur et seule autorité était simplement Machiventa, certes un Melchizédek, mais devenu provisoirement humain à cette époque, pour vivre dans cette région pendant près d'un siècle.:

93:9.7 Ce que les récits de l’Ancien Testament décrivent comme des conversations entre Abraham et Dieu étaient en réalité des entretiens entre Abraham et Melchizédek. Les scribes prirent plus tard le mot Melchizédek pour un synonyme de Dieu. L’histoire des multiples contacts d’Abraham et de Sarah avec « l’ange du Seigneur » se réfère à leurs nombreuses visites à Melchizédek.

On comprend alors que ce digne personnage n'allait pas se comporter en idole païenne, pour, à l'image de nos tyrans narcissiques, soumettre ses fidèles à une telle épreuve de soumission, aussi absurde qu'effroyable.

Mais alors pourquoi ne pas dire simplement que cette histoire est fausse ? Sans doute parce que cela va de soi. Il est autre chose en revanche qui, manifestement, ne va pas de soi, puisque, cette fois, le Livre d'Urantia prend soin de démentir.:

93:9.8 Abraham n’était pas aussi vieux que l’histoire le raconte, et sa femme était beaucoup plus jeune que lui. Leurs âges furent délibérément changés pour cadrer avec la prétendue naissance miraculeuse ultérieure d’Isaac.

On est content de le savoir (même si on s'en doutait quand même un petit peu). Mais, encore une fois, dommage qu'on n'en sache pas davantage…


Pour les historiens, comme pour le Livre d'Urantia, la Bible ici fait écho à la pratique, très commune dans l'antiquité, de sacrifier un fils aux dieux, afin obtenir d'eux des faveurs. Le fait qu'Abraham et Isaac acceptent ce rituel sans plaintes ni protestations suggèrent qu'ils vivaient en un temps ou ces mœurs étaient monnaie courante. En revanche, l'annulation finale par Dieu du sacrifice laisse penser qu'à l'époque ou fut rédigé ce passage, ces barbaries étaient révolues.

le Livre d'Urantia évoque effectivement une réécriture tardives des textes traditionnels.:

93:9.9 L’égo national des Judéens fut terriblement rabaissé par la captivité à Babylone. Dans leur réaction contre leur infériorité nationale, ils allèrent à l’autre extrême […] et déformèrent leurs traditions pour s’exalter au-dessus de toutes les races en tant que peuple élu de Dieu ; en conséquence, ils remanièrent soigneusement tous leurs documents dans le but d’élever Abraham et leurs autres chefs nationaux très au-dessus de toutes les autres personnes, sans en excepter Melchizédek lui-même. Les scribes hébreux détruisirent donc toutes les archives qu’ils purent trouver de cette époque mémorable, en ne conservant que le récit de la rencontre d’Abraham avec Melchizédek après la bataille de Siddim qui, d’après eux, faisait rejaillir un grand honneur sur Abraham.

Puisqu'on parle de réécritures, il y en a peut-être assez pour aujourd'hui…

La suite bientôt.³

(si Dieu le veut)



Renvois :
1) Classement des religions/croyances par nombre d'adhérent, atlasocio.com, 03/09/2021
2) L'arche avant Noé, Sciences et Avenir.fr
3) Liste des épisodes bibliques - Wikipédia.org (rassure-vous, je ne ferai pas tout ça)
Modifié en dernier par Lecœur le ven. févr. 18, 2022 8:35 pm, modifié 6 fois.
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Lecœur
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La Bible revisitée - 2

Message par Lecœur »

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Mise à jour : dans le message précédent, le chapitre « Le sacrifice d'Abraham » a été complété le 30/11/2021
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LUTTE DE JACOB AVEC L'ANGE Genèse 32:24 - 32:32

Difficile de faire l'impasse sur cet épisode Biblique, très court mais essentiel puisqu'il donne aux peuple hébreu le nom qu'il porte encore aujourd'hui :
  • Jacob, fils d'Isaac, lutte avec un homme, qui le blesse. Mais Jacob ne veut le laisser partir que si l'homme le bénit, ce que fait ce dernier, après l'avoir rebaptisé « Israël », c'est à dire « Celui qui se bat avec Dieu ». Suite à cela, Jacob dira avoir vu Dieu face à face.

On voit bien toute la charge symbolique de cette scène, qui donne à Jacob un rôle éminent, et le place parmi les patriarches du peuple juif (avec Abraham et Isaac) et les initiateurs de la tradition judéo-chrétienne. La Genèse s'étend beaucoup sur l'histoire de Jacob, ainsi que sur celle de son fils Joseph. Mais ce n'est pas le cas du Livre d'Urantia qui expédie rapidement ces deux personnages, ainsi d'ailleurs que leur père et grand-père Isaac, en à peine plus d'un paragraphe :

93:9.5 Isaac resta assez proche des enseignements de son père et maintint l’évangile de la colonie de Salem, mais il fut plus difficile à Jacob de saisir le sens de ces traditions. Joseph croyait fermement en Melchizédek, et ce fut largement à cause de cela que ses frères le considérèrent comme un rêveur. Les honneurs conférés à Joseph en Égypte étaient principalement dus à la mémoire de son arrière grand-père Abraham. Joseph reçut l’offre de commander les armées égyptiennes, mais, en raison de la fermeté avec laquelle il croyait aux traditions de Melchizédek et aux enseignements ultérieurs d’Abraham et d’Isaac, il choisit de servir comme administrateur civil, estimant qu’il pourrait ainsi mieux travailler au progrès du royaume des cieux.

93:9.8 Les récits hébraïques sur Isaac, Jacob et Joseph sont beaucoup plus dignes de foi que ceux concernant Abraham, bien qu’eux aussi s’écartent souvent des faits.

Dommage qu'on ne nous dise pas quand ces récits s'écartent des faits, et quand ils sont dignes de foi.

Le Livre d'Urantia se fait l'écho de l'importance de Jacob dans la religion, en citant plusieurs fois l'expression « Dieu d'Abraham, d'Isaac, et de Jacob ». Mais pour ce qui est de sa vie, si détaillée dans la Bible, Jacob, hautement distingué par les juifs, fort considéré par les chrétiens, et très respecté par les musulmans, n'a droit qu'à trois fugitives citations, aucune ne concernant cet épisode essentiel. Voici la troisième :

85:1.1 La première chose que les hommes évoluants adorèrent fut une pierre […] Jacob dormit sur une pierre parce qu’il la révérait ; il l’oignit même d’huile.




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En racontant l'histoire des Hébreux, la Bible quitte les mythes et légendes, que l'on a simplement le choix de croire ou de ne pas croire, pour entrer dans l'époque historique. Mais elle est alors confrontée à la critique des chercheurs. Ainsi, depuis le 19e siècle, Une foule d'anomalie a-t-elle été constatée. Finalement, au début du 21e siècle, des archéologues, financés par l'état israélien pour trouver en Palestine des preuves définitives de l'historicité de la Bible (et ainsi la justification au retour d'un état juif dans cette région) ont finalement conclu que l'épopée hébraïque, qui constitue l'essentiel de l'Ancien Testament, est… de la fiction.¹

Ce point de vue est aujourd'hui largement partagé par les chercheurs (hors religieux) même si certains auteurs sont plus modérés.² Mais au siècle dernier, l'hypothèse d'un Abraham historique, associée à la proposition que la tradition ancienne aurait été réécrite très tardivement, était encore solide (voir par exemple notre bon vieux Larousse, qui continue à proposer cette théorie, plus consensuelle)³. Le Livre d'Urantia, rédigé à cette époque, va dans ce sens, et explique les modifications tardives par la volonté des éditeurs judéens en exil de restaurer la dignité de leur peuple, alors humilié par la captivité (93:9.9).

On peut en déduire que les Hébreux auraient sans doute simplement adopté d'eux-même ce nom d'Israël.
Mais en quoi le fait de se battre contre Dieu peut-il forger la dignité d'un peuple ?

Mystère…




Renvois :
  1. Henri Tincq, Deux archéologues contestent la réalité historique de la Bible, le Monde, mise à jour 07/04/2006
  2. Philippe Fabry, Historicité d'Abraham et mythification des faits réels, historionomie.canalblog.com, 06/03/2016
  3. Abraham, larousse.fr
Pour en savoir plus :
Modifié en dernier par Lecœur le sam. déc. 18, 2021 4:49 pm, modifié 5 fois.
jean
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Re: La Bible revisitée

Message par jean »

Salut à tous

Alors ça reprend, merci à vous, je suis actuellement sur le forum en anglais, mais je ne vous oublie pas pour autant

Jean
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Lecœur
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La Bible revisitée - 3

Message par Lecœur »

Salut Jean !

« Ça reprend… »
C'est peut-être un peu vite dit…
Il y a des moments où j'ai un peu l'impression d'être une bande de jeunes à moi tout seul (quatre, de seize ans et demi).
Enfin bon… Au moins, ça laisse le temps de répondre.… :)
Voici donc la suite.:



LES DOUZE TRIBUS D'ISRAËL Genèse 46-50

Il ne s'agit pas cette fois d'un épisode fantastique ni d'un personnage mythique, mais d'un fait biblique, et pas spécialement insolite. Il revêt cependant une grande importance dans la symbolique judéo-chrétienne, et mérite une place dans cette énumération. Rappel de la Bible.:
  • Jacob/Israël a douze fils. Suite à une famine, onze d'entre eux vont en Égypte. Ils y retrouvent alors leur demi-frère Joseph, qu'ils avaient vendu comme esclave par jalousie. Celui-ci, devenu vice-roi, leur pardonne, et les invite à s'installer en Égypte. Ces douze familles constituent les douze tribus hébraïques. Après la mort de Joseph, les hébreux sont réduits en esclavage. Libérés par Moïse, ils s'installent en Palestine, où, suite à quelques tribulations, ils finiront par former au sud le royaume de Juda, réunissant les tribus de Juda et de Benjamin, et au nord le royaume d'Israël, ou Samarie, réunissant les dix autres tribus.



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Douze ?

Si le Livre d'Urantia n'est pas toujours très explicite, il l'est parfaitement à ce sujet.:
97:9.1 Il n’y eut jamais douze tribus d’Israélites — seulement trois ou quatre tribus s’établirent en Palestine. La nation hébraïque prit corps par suite de l’union des soi-disant Israélites et des Cananéens. « Et les enfants d’Israël habitèrent parmi les Cananéens. Et ils prirent leurs filles pour femmes et donnèrent leurs filles aux fils des Cananéens. » Les Hébreux ne chassèrent jamais les Cananéens de Palestine, en dépit des chroniques établies à ce sujet par les prêtres qui affirmèrent, sans hésiter, cette expulsion.

Ces tribus n'étaient donc pas douze, et pas vraiment israélites. Les archéologues, plus diplomates, utilisent pour cette période l'expression «.proto-israélites.».

S'ils n'étaient pas israélites, étaient-ils du moins hébreux.? Pour la Bible, les Hébreux sont les descendants d'Abraham, par la lignée d'Isaac et Jacob.
Et bien…
96:2.3 Abraham n’était pas le père racial de tous les Hébreux ; il n’était même pas l’ancêtre de tous les Bédouins sémites qui furent détenus captifs en Égypte. […] la vaste majorité des hommes et des femmes qui furent incorporés dans les clans d’Israël n’avait jamais séjourné en Égypte. Elle était simplement formée de compagnons nomades qui décidèrent de suivre Moïse comme chef pendant que les enfants d’Abraham et leurs associés sémites d’Égypte traversaient le Nord de l’Arabie.

Pas vraiment hébreux non plus, donc. Du moins à l'origine. Mais 400 ans après leur installation en Palestine, se produit à Hébron, «.ville de Juda.», un des évènements emblématiques de l'histoire juive, à savoir l'onction sacrant David roi de Juda.
Hébron. Au moins, avec un nom pareil, on est chez les Hébreux.!

Ben non.:
97:9.7 David, avec sa petite armée, établit son quartier général à Hébron, ville non hébraïque. Ses compatriotes ne tardèrent pas à le proclamer roi du nouveau royaume de Juda. Juda était principalement composé d’éléments non hébreux — Kénites, Calébites, Jébusites, et autres Cananéens.

Quand ça veut pas…



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Trois ? Ou quatre tribus ?

S'il est explicite, le Livre d'Urantia n'est pas très précis sur le nombre. Peut-on trouver la réponse ailleurs ? En fait, pour certains archéologues, il n'y aurait eu que trois tribus.: Au nord Ephraïm et Manassé, et au sud Benjamin, Juda n'étant qu'un nom désignant le territoire.¹ La tradition juive, d'ailleurs, est ambigüe lorsqu'il s'agit d'attribuer certains lieus (notamment Jérusalem) à Juda ou à Benjamin. Par ailleurs, certaines localités de Benjamin, voire le territoire dans son ensemble, seraient passées du Royaume du Nord à celui du Sud.² Il ressort de tout cela que si on est arrivé au fil du temps à distinguer réellement quatre territoires tribaux, lors de la chute des états hébraïques aucun de ces deux royaumes n'en comportait plus de deux.



LES TRIBUS PERDUES 2 Roi 17:23-41

Avec ce sujet, le mythe et la réalité se mêlent comme sans doute jamais auparavant. Les évènements auxquels il se rapporte, en effet, se trouvent être très documentés. La Bible raconte les faits de façon assez détaillée, mais cela peut se résumer en quelques mots.:
  • Israël, le royaume hébraïque du nord (ou Samarie) est conquis par les Assyriens. Tous ses habitants sont déportés, et personne ne les a jamais revus. Ces disparus, remplacés chez eux par diverses populations de l'empire, constituent les dix tribus perdues d'Israël.
Il existe une foule de théories attribuant l'origine de tel ou tel peuple à cette déportation (par exemple les Celtes). En outre, nombre de communautés ethniques ou religieuses à travers le monde, sur tous les continents, se proclament descendantes d'une de ces dix tribus. Sachant qu'il n'y avait sans doute à cette époque pas plus de deux tribus territorialisées dans le royaume du nord (voir chapitre précédent) il risque donc d'y avoir des déçus parmi ceux qui se présentent au ciel comme membres du peuple élu.

D'autant que l'histoire et l'archéologie ne semblent pas vraiment de leur côté.

Des inscriptions assyriennes relatant avec précision la conquête de la Samarie, en deux temps, indiquent en effet que le nombre total des déportés se montaient à environ 40 000. En même temps, les fouilles effectuées dans la région établissent que la population de la Samarie à cette époque était d'environ 200 000 personnes. Cela signifie que les déplacements forcés n'ont donc concerné qu'environ 20% de la population.


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80% des personnes supposées disparues sont tout simplement restées où elles étaient. Ce qui implique finalement… qu'aucune tribus d'Israël n'a jamais disparu. Elles ont simplement subi une réduction minoritaire de leur population. D'ailleurs, les recherches montrent qu'il n'y a eu aucune rupture culturelle suite à cet évènement. Ce qui est d'ailleurs confirmé par la Bible lorsque, après leur supposée disparition, les tribus d'Ephraïm et de Manassé continuent à être invitées pour célébrer Pâque à Jérusalem (2 Ch 30,1) ce que les Samaritains feront d'ailleurs encore 150 ans plus tard (Jérémie 41,5). ³


L'origine du mythe

Pourquoi inventer cette disparition ? Et bien environ 70 ans après la chute d'Israël, c'est au tour de Juda de tomber, et à ses habitants d'être déportés, cette fois dans leur totalité, par les Babyloniens (2 Rois 24 et 2 Ch 36:5-20)



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Cinquante ans encore passent et, libérés par les Perses, les Judéens reviennent dans leur pays (Esdras et Néhémie 12). Mais ils y trouvent des Israélites, et les deux communautés ne s'entendent pas (Esdras 4…). Les Judéens obtiennent alors des Perses que ces Samaritains soient écartés des affaires de Judée, arguant que ce ne sont pas des Israélites mais des immigrés ayant adopté leur religion. Les Samaritains n'étant plus reconnus comme tribus d'Israël, et personne d'autres ne venant revendiquer ce titre, les dix tribus sont ainsi déclarées perdues.

Perdues, mais pas pour tout le monde. En tout cas pas pour les Samaritains. Mais que sont devenus ceux-ci.? Malgré l'ostracisme des Judéens et l'indifférence des autorités impériales successives, ils ont connu une grande période de prospérité, pour finalement subir les aléas de l'histoire. Finalement, seule une petite communauté a conservé son identité. Mais elle réside toujours dans son territoire d'origine.



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Ils continuent à se revendiquer comme descendants des tribus du Royaume d'Israël.
Du moins deux d'entre elles.: Éphraïm et Manassé.

Du coup, il ne reste plus que huit tribus à retrouver.
Sauf que… ces huit tribus, apparemment, n'ont jamais existé…




Renvois :
  1. William G. Dever, Who Were the Early Israelites and Where Did They Come From? p. 214 et p. 221, Eerdmans Publishing, 2003
  2. Israël Finkelstein & Neil Asher Silberman, la Bible Dévoilée, Bayard 2002, page 256 (téléchargement)
  3. Israël Finkelstein, The Forgotten Kingdom, Society of Biblical Literature, 2013, page 46 (téléchargement 1, téléchargement 2)


Pour en savoir plus :


Modifié en dernier par Lecœur le ven. févr. 18, 2022 8:46 pm, modifié 4 fois.
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Lecœur
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La Bible revisitée - 4

Message par Lecœur »

Plus ce sujet avance, plus ça devient compliqué.
Enfin… On va y arriver…

;)


Toutes ces tribus nous ayant fait faire un bond dans le temps, reprenons la chronologie là où nous l'avions laissée.
Après Abraham, assez bien traité dans le L.U., puis Isaac, Jacob, et Joseph, vite expédiés, vient le tour de…


(à lire en écoutant Elmer Bernstein)



MOÏSE Exode

Moïse ce n'est pas rien, puisque quatre des cinq livres du Pentateuque, c'est à dire la Torah juive, et première partie de la Bible Chrétienne, lui sont consacrés. En fait, pour les trois religions du livre, il est carrément l'auteur de l'ensemble du Pentateuque.

Pour les juifs, il est donc à l'origine de LA révélation, tandis que chrétiens et musulmans le considèrent comme l'auteur de la Première Révélation, et la préfiguration de, respectivement, Jésus-Christ ou Mohammed.

Mais pour le Livre d'Urantia ?
Et bien Moïse n'est pas un révélateur.

Juste un intermédiaire entre la Troisième Révélation, celle de Melchizédek, et la Quatrième, celle de Jésus.
Après Adam, Abel, Noé, Abraham, Isaac et Jacob, encore une statue de déboulonnée ?





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Pas tout à fait puisque Moïse est quand même nommé «.l'incomparable.» (96:3) et considéré comme «.le plus grand personnage apparu entre Melchizédek et Jésus.» (95:5.3), «.le génie religieux le plus remarquable de l’ère postérieure à Melchizédek.» (92:5.11)

Il est rapidement évoqué dans divers fascicules parlant de l'évolution humaine, surtout comme initiateur de progrès, mais pas seulement (fasc. 63, 69, 70, 85, 86, 88, 89). Il est par exemple présenté comme responsable du fait que la tradition judéo-chrétienne ne remonte pas avant Adam (74:8.8-12). Son nom est également de très nombreuses fois cité dans la partie consacrée à Jésus (souvent d'ailleurs pour comparer l'incomparable Moïse à Jésus, à l'avantage de ce dernier, bien sûr). Mais il est surtout l'acteur majeur du fascicule 96 (96:3 et suivants) dont il occupe plus du tiers (un record pour un mortel dans le L.U.).

Dans la dernière partie du livre, il est fait allusion au caractère surnaturel de son existence. Mais c'est seulement en tant que composante de l'imaginaire collectif des Juifs, notamment lorsqu'ils espérèrent de Jésus semblables prodiges pour les libérer de la tutelle romaine (136:1.3).

Alors qu'en est-il des si célèbres exploits de ses aventures biblico-cinémascopiques ?





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Sauvé des eaux Exode 1-2


On connaît l'histoire :
  • Le pharaon ayant ordonné la mort de tous les nouveaux nés mâles du peuple hébreu, tenu en esclavage, un de ces bébés, abandonné par sa mère dans une corbeille sur le Nil, est recueilli par la fille du roi, qui l'adopte sous le nom de Moïse.

Pour le Livre d'Urantia, c'est moins pittoresque : Moïse est simplement le fils d'une princesse royale et d'un notable Sémite.

Nul mention d'un infanticide massif. Et pas non plus de berceau flottant. De fait, pour nos exégètes, il s'agit d'un enjolivement tardif, emprunté par les éditeurs judéens à une vieille légende assyrienne narrant la naissance d'un roi akkadien mythique (1).



Le Buisson ardent Exode 3

C'est l'évènement fondateur, l'acte de naissance de la geste mosaïque, et la révélation des révélations pour les quelques quatre milliards et demi d'adeptes des religions du livre. Voici, en abrégé, ce qu'en dit la Bible :
  • Pour défendre un Hébreu, Moïse a tué un garde. Ayant dû fuir l’Égypte, il est devenu berger. Alors qu'il garde son troupeau, lui apparaît un ange, au milieu d'un buisson en feu. L'ange se présente comme étant le dieu de ses pères, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et l'exhorte à délivrer son peuple de l'esclavage. Moïse lui demandant son nom, Dieu répond «.Je suis qui je suis.» et lui ordonne de l'annoncer aux Israélites comme «.Je suis.» puis «.Yahweh.», son nom pour toujours.

Livre d'Urantia : aucune mention d'un crime, d'une fuite, d'une retraite bucolique, ni d'une révélation pyrotechnique. On nous dit simplement que Moïse, qui a bénéficié de l'éducation spirituelle d'une famille éclairée, décide un jour de rejoindre les compatriotes de son père, et d'obtenir leur liberté. Désireux d'enseigner à ces Bédouins sa croyance en El Elyôn, il renonce finalement au dieu de Melchizédek pour élaborer une religion de compromis basée sur l'antique divinité tribale Yahweh, auquel ces peuples était revenus.

Une histoire certes pas tout à fait banale, mais présentant quand même moins de relief que la légende. Cependant, en creusant un peu, on trouve dans la dernière partie du livre, cette petite remarque d'un médian :
182:1.9 Le Père qui est aux cieux avait cherché à se révéler à Moïse, mais ne put aller plus loin que de faire dire : « JE SUIS ». Lorsqu’il fut pressé de se révéler davantage, il dévoila seulement : « JE SUIS ce que JE SUIS ».

Une référence explicite à cet épisode biblique majeur. Moïse a donc effectivement eu un échange avec un être s'exprimant au nom de Dieu, qui a répondu à sa requête concernant son nom.



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Ce passage du L.U., dans son contexte, ainsi que les phrases qui le suivent, laissent entendre que cette réponse fut incomplète, voire erronée. Il peut également faire supposer que c'est ce personnage qui a amené Moïse à faire le choix de Yahweh plutôt qu'El Elyôn, bien que le médian ne le précise pas.

Mais quid de tout l'arrière-plan épique amenant à cet évènement ? La scène biblique en effet se passe près du mont Sinaï, précisément sur l'Horeb, «.la montagne de Dieu.», «.une terre sainte.» selon la Bible, mais en fait, selon le L.U., consacré au dieu païen Yahweh. Cela explique que ce soit le lieu de cette révélation. Mais Moïse n'avait aucune raison de se trouver là, seul, à garder un troupeau, s'il n'avait dû fuir l’Égypte. Et aucune raison de fuir l’Égypte s'il n'avait commis quelque acte compromettant.

Qu'en fut-il réellement ? Où le L.U. place-t-il cet évènement, et à quelle époque de la vie de Moïse ? Autant d'aspects éludés par la Cinquième Révélation.

Ce qu'indique seulement le L.U., c'est que Moïse avait pris la décision de renoncer à enseigner El Elyôn avant la libération de son peuple (96:4.3). Il se rendra ensuite effectivement près du Sinaï, mais après la sortie d’Égypte des Hébreux.

Et c'est au pied de l'Horeb qu'il leur communiquera «.un concept amplifié de Yahweh, leur dieu tribal de jadis.» (96:4.2). Est-ce à dû à la rencontre avec ce personnage surnaturel, qui se serait donc produite à ce moment-là, c'est à dire après le libération des Hébreux, et non, comme le dit la Bible, avant même que Moïse eût ce projet.?

Moïse avait déjà décidé de ne plus se réclamer de El Elyôn, mais il n'avait pas abandonné ce concept de Dieu. Avait-il pensé à le remplacer par cette divinité barbare.? Si ce choix est dû à l'intervention de « l'ange » il est possible que Moïse n'ait pas pu rapporter la conversation telle qu'elle s'est déroulée.

Avait-il besoin pour autant d'inventer tout le roman qui la précède.?




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YHWH

On note que dans la Bible, contrairement à ce que dit le médian, la première réponse donnée à Moïse n'est pas «.Je suis.» mais «.Je suis qui je suis.».

Si quelqu'un vous demande qui vous êtes, et que vous lui répondez «.Je suis qui je suis.», c'est clairement une façon de l'envoyer balader. Mais pour les chercheurs, cette expression serait en fait destinée à expliquer le téragramme YHWH par lequel Dieu se fait connaître «.pour toujours.».

«.Je suis qui Je suis.» n'est qu'une des traductions possibles de l'hébreu «.Ehyeh Asher Ehyeh.», qui peut aussi signifier «.Je suis Celui Qui suis.», «.Je suis qui Je serai.», «.je serai qui je serai.», «.Je suis Celui Qui Est.», etc.

Depuis des millénaires, nombre de religieux, mystiques, ésotéristes, et autres métaphysiciens, s'interrogent sur le sens réel du tétragramme. La difficulté vient de l'absence de voyelles. Mais ce n'est pas dû à une volonté de dissimulation. A l'origine, l'alphabet hébreu n'en comportait pas (2) et les juifs s'interdisant de prononcer ce nom, les voyelles qu'il aurait dû comporter n'ont donc jamais été ajoutées (3). Beaucoup d'auteurs, cependant, l'on fait à leur place. On le trouve donc écrit Yahvé, Iahvé, Yavé, Yahu, Yahou, Jéhovah, etc. Mais la forme la plus courante est Yahweh.

C'est le choix qui est fait dans la Cinquième Révélation, notamment dans le fascicule 96, qui nous occupe ici principalement, dont le titre est Yahweh – le Dieu des Hébreux et le fascicule suivant, L’évolution du concept de Dieu chez les Hébreux.

Loin de toute considération cabalistique, le rédacteur nous indique que Yahweh n'est en fait à l'origine qu'une des multiples divinités du panthéon sémitique. Certaines tribus l'auraient ensuite adopté comme dieu principal, parmi lesquelles les ancêtres des Hébreux. Ceux-ci en auraient ensuite fait progressivement leur dieu exclusif, pour finalement le proclamer dieu unique.

La plupart de nos chercheurs, d'ailleurs, partagent cette analyse, en ajoutant que Yahweh était en fait un dieu secondaire, subordonné au grand dieu cananéen El (4).



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Les dix plaies d’Égypte Exode 7:14-12:36

Encore une histoire bien connue :
  • Pour obtenir la libération des Israélites, Moïse menace le pharaon de dix malédictions divines terribles. Toutes se réalisent, et la dernière amène le roi à céder.


Pour le Livre d'Urantia : Moïse parvient à ses fins simplement par la diplomatie (96:3.4).

C'est tout.

Ou presque, car on trouve malgré tout cette allusion :
96:5.4 Moïse croyait à la Providence ; il s’était laissé complètement gagner par les doctrines d’Égypte concernant le contrôle surnaturel du Nil et des autres éléments de la nature. Il avait une grande vision de Dieu, mais il était entièrement sincère quand il enseignait aux Hébreux que, s’ils acceptaient d’obéir à Dieu, «.il (…) ôtera de vous toutes maladies et ne vous infligera aucune des plaies malignes d’Égypte..»

Le Livre d'Urantia, on le sait, est très critique sur la vision qu'ont les hommes de la providence divine (voir 4:1.1 et les enseignements de Jésus.: 149:2.10, 178:1.14, 118:10.7). Il souligne donc ici que Moïse, malgré ses grandes qualités, partageait ces superstitions. Mais ce passage indique aussi que de tels malheurs ont effectivement frappé l’Égypte à cette époque. Les chercheurs d'aujourd'hui proposent plusieurs explications naturelles à ces catastrophes bibliques (5).



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Le passage de la mer Rouge Exode 13-14

Le morceau de bravoure de toute la saga de Moïse, et le plus spectaculaire, est certainement l'ouverture de la mer, permettant la fuite miraculeuse d’Égypte des enfants d'Israël. Mais dans le Livre d'Urantia, cette épopée mosaïque est beaucoup plus prosaïque et beaucoup moins hébraïque que le récit biblique (96:3.5 et 96:2.3). En fait, nous ne saurons pas si les eaux de la mer s'ouvrirent ou pas, pour la bonne raison… qu'on ne nous parle pas de la mer.

Ce que l'on sait, en revanche, grâce à nos chercheurs, c'est que la Bible, elle, ne parle pas en fait de la mer Rouge. Ce serait une erreur de traduction, l'expression correcte étant en réalité «.la mer de joncs.». Il s'agirait donc plutôt d'un estuaire marécageux, que certaines conditions pourraient, pendant un temps limité, rendre facile à franchir (6).





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LA SORTIE D’ÉGYPTE

Si l'on se base sur la Bible, ce sont environ deux millions de fugitifs qui auraient constitué l'expédition (évalués à partir des 600 000 mâles adultes comptés par la Bible – Ex. 12:37-39). Pour l'Egypte, une telle perte de population aurait dû avoir des conséquences considérables (7) et le déplacement de ces masses aurait dû également marquer les contrées traversées. Or il n'existe aucune trace historique ou archéologique de tels bouleversements (8).

Combien étaient-ils ? Si l'on se base sur le Livre d'Urantia, on peut seulement dire que ces migrants étaient suffisamment nombreux pour que l'idée qu'ils se joignissent aux ennemis de l’Égypte inquiétât le pharaon. Mais en même temps, ils étaient suffisamment peu nombreux pour qu'il estimât qu'une «.petite troupe.» était capable de les arrêter, dans une entreprise jugée si peu risquée qu'il n'a pas craint de la commander lui-même (96:3.5). En tout cas, quel que soit le nombre des fuyards, l'appréciation par le roi du rapport des forces en présence était erronée, puisque son expédition se solda par une défaite.

La Cinquième Révélation ne révèle pas le nom de ce pharaon. Dommage, car cela aurait permis de concentrer les recherches sur une période précise (9). Mais, nous le savons, les révélateurs n'ont pas le droit d'apporter ce genre d'aide.




Les Tables de la Loi & l'Arche d'alliance Exode 24:12-18, 32:1-28, 34:1-14 etc.

Encore un épisode crucial, puisque c'est celui où Moïse reçoit non seulement les dix commandements, mais aussi une masse d'instructions dont beaucoup régissent encore aujourd'hui la vie des juifs. Cet enseignement révélé au Sinaï constitue, selon le judaïsme, les cinq premiers livres de la Bible, dont l'ensemble, le Pentateuque, est pour cette raison nommé par les juifs la Torah (la Loi). Mais ce serait également la source de la Torah orale, tradition concomitante, non écrite, recueillie par la suite dans le Talmud.

Résumé du récit biblique :
  • Laissant les Hébreux au pied du Sinaï, Moïse gravit le mont, entouré de feu et de nuées, pour y recevoir les directives divines, et deux tables de pierre où le doigt de Dieu grave les dix commandements. Redescendu, il trouve les Hébreux vénérant un veau d'or. Il brise alors les tables et ordonne le massacre de trois mille de ces adorateurs. Il retourne au sommet du Sinaï pour recevoir de nouvelles tables, et en revient irradié de lumière. Il fait alors fabriquer un coffre dans lequel les tables sont placées, l'Arche d'alliance.



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Extraits du Livre d'Urantia :
96:4.4 Le fait que Yahweh était le dieu des Hébreux en fuite explique pourquoi ils s’arrêtèrent si longtemps devant la montagne sainte du Sinaï et pourquoi c’est là qu’ils reçurent les Dix Commandements que Moïse promulgua au nom de Yahweh, le dieu de l’Horeb.

96:4.5 Il ne semble pas que Moïse aurait jamais réussi à établir son cérémonial cultuel quelque peu évolué, ni à retenir intact le groupe de ses fidèles pendant un quart de siècle, sans la violente éruption du mont Horeb qui se produisit durant la troisième semaine de leur séjour d’adoration à sa base (…) Au vu de ce cataclysme, il n’est pas surprenant que Moïse ait pu graver, dans la mémoire de ses frères, l’enseignement que leur Dieu était « puissant et terrible, un feu dévorant, redoutable et tout-puissant ».

88:2.5 En ajoutant le deuxième commandement à l’ancien code moral de Dalamatia, Moïse fit un effort pour contrôler l’adoration des fétiches parmi les Hébreux.

C'est donc bien au Sinaï que les Hébreux ont reçu les dix commandements.
Sinon de Dieu du moins de Moïse.


L'ARCHE D'ALLIANCE

Ce réceptacle, qui a disparu depuis 2600 ans, suscite beaucoup de théories. Aucune représentation n'en a subsisté, néanmoins on a une idée de ce à quoi elle devait ressembler, puisque Yahweh a donné des instructions assez précises pour sa fabrication (Ex. 25:10-21).

Le Livre d'Urantia, lui, ne s'attarde guère sur le sujet, sinon pour donner une indication qui pourrait surprendre quelques traditionalistes :
88:2.5 Moïse était trop sage pour essayer de supplanter brusquement les antiques fétiches ; il consentit donc à placer certaines reliques à côté des tables de la loi dans l’arche, qui était la combinaison d’un autel de guerre et d’une châsse religieuse

Pendant près de mille ans, les grands prêtres d'Israël se sont donc prosternés devant des fétiches.
Mais bon… Après tout, Yahweh était une divinité païenne.



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La Manne céleste Exode 16

Encore une histoire célèbre :
  • Quarante années durant, les Israélites emmenés par Moïse survivent dans le désert en consommant une matière granuleuse qui apparaît au matin sur le sol.

Cette fois, le Livre d'Urantia, que l'on sait plus soucieux de nourriture céleste que de nourriture terrestre, est sans équivoque :
136:6.6 Les Juifs s’attendaient à un Messie qui accomplirait des prodiges encore plus grands que Moïse, qui était censé avoir fait jaillir de l’eau d’un rocher dans un lieu aride et avoir nourri leurs ancêtres dans le désert avec la manne.

152:3.1 Depuis longtemps, on avait enseigné aux Juifs qu’à son avènement, le Messie, le fils de David, ferait de nouveau couler le lait et le miel dans le pays, et que le pain de vie leur serait offert, comme la manne du ciel était jadis censément tombée sur leurs ancêtres dans le désert.

On sent tout de suite une certaine réserve sur ce mythe de la manne.




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Et ça ne s'arrête pas là :
153:2.8 Puis Jésus (…) dit : «.Vous avez cru que, dans le désert, vos pères avaient mangé la manne — le pain du ciel — mais je vous dis que c’était le pain de la terre. Alors que Moïse n’a pas donné à vos ancêtres de pain venant du ciel, mon Père est maintenant prêt à vous donner le véritable pain de vie. Le pain du ciel est ce qui vient de Dieu et donne la vie éternelle aux hommes de ce monde. Si vous me dites : Donne-nous de ce pain vivant, je répondrai : Je suis ce pain de vie..»

153:2.10 Tandis que Jésus s’arrêtait un instant pour regarder l’assistance, l’un des éducateurs de Jérusalem (membre du sanhédrin) se leva et demanda : «.Dois-je comprendre que tu affirmes être le pain descendu du ciel, et que la manne donnée par Moïse à nos pères dans le désert ne l’était pas ?.» Et Jésus répondit : «.Tu as bien compris..»

Cette manne a donc bien existé. Mais elle ne venait pas du ciel.

153:2.12 «.Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts. Quant au pain qui vient de Dieu, si un homme en mange, il ne mourra jamais en esprit. Je répète que je suis ce pain vivant.»

On voit ici l'art de Jésus, qui part d'un mythe secondaire, erroné et terrestre, pour amener à une vérité spirituelle fondamentale. Mais aussi son courage, parce que c'était le genre de déclaration qui ne vous attirait pas que des amis.

Amis ou ennemis, cela dit, beaucoup sont prèts à croire à l'existence de cette manne. Diverses explications naturelles, en effet, sont avancées (10). Mais cela implique que l'errance des Hébreux ait été limitée aux lieux où le phénomène se produisait.


Quant à l'errance spirituelle…

Et bien la mienne s'arrête ici pour aujourd'hui.

A la prochaine !




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Renvois :
  1. Francis Joannès, Moïse face aux historiens, Le Monde Histoire & civilisations, 24/11/2020
  2. Les principes de l'écriture hébraïque, BNF - Classes
  3. Yahweh, Britannica
  4. Joshua J. Mark, Yahweh, World History Encyclopedia, 22/10/2018
  5. Hervé Ratel, Exodus : que dit la science sur "les dix plaies d'Egypte" ?, Sciences et Avenir, 29/06/2015
  6. Yves Miserey, La traversée de la Mer Rouge expliquée par la science, lefigaro.fr, 22/09/2010
  7. Données archéologiques sur l'Exode et Moïse – Question du nombre d'Hébreux concernés, Wikipédia
  8. Données archéologiques sur l'Exode et Moïse – Question de l'itinéraire, Wikipédia
  9. Données archéologiques sur l'Exode et Moïse – Question de la date de l'Exode, Wikipédia
  10. Manne, Wikipédia
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Lecœur
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La Bible revisitée - 5

Message par Lecœur »

Si tous les personnages de la Bible étaient comme Moïse, j'en serais encore à la tour de Babel.
Je pensais que ce sujet serait juste une petite balade, légère et superficielle…
Enfin… Aujourd'hui, il ne devrait pas trop y avoir de remue-méninges.
Reprenons donc le cours de cette histoire…




LES TROMPETTES DE JERICHO Josué 6, 1-26


Pour le Ciel il n'est pas de mise
Que la vanité soit permise,
Aussi l'admirable Moïse
N'entra pas en terre promise.

  • Après la mort de Moïse, les eaux du Jourdain s'ouvrent miraculeusement devant l'Arche d'Alliance, permettant aux Israélites, conduits par Josué, de pénétrer dans la terre promise. Ils arrivent bientôt devant les murs de Jéricho. Sur les ordres de Yahweh, les sacrificateurs font sept fois le tour de la ville en sonnant des trompettes. La muraille s'écroule alors, livrant la cité et ses habitants aux mains des Hébreux.

Pendant quelques décennies, ces récits ont été propagés dans la jeunesse par un livre de l'éditeur Fernand Nathan «.Contes et Légendes d'Israël.». Celui-ci fut sans doute plus efficace pour toucher ce public que la Bible elle-même.¹ C'est un peu dans cet esprit que j'ai présenté tous ces épisodes, peut-être d'abord pour le plaisir des belles histoires.





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C'est particulièrement vrai pour celui-ci, car nous savons déjà que tout cela ne s'est pas produit, puisque la conquête de la terre promise n'a pas eu lieu.:

97:9.1 La nation hébraïque prit corps par suite de l’union des soi-disant Israélites et des Cananéens. «.Et les enfants d’Israël habitèrent parmi les Cananéens. Et ils prirent leurs filles pour femmes et donnèrent leurs filles aux fils des Cananéens..» Les Hébreux ne chassèrent jamais les Cananéens de Palestine, en dépit des chroniques établies à ce sujet par les prêtres qui affirmèrent, sans hésiter, cette expulsion.

Jéricho est pourtant citée quarante-quatre fois dans le Livre d'Urantia. La première, sans rapport avec le sujet, évoque son antique et barbare fondation (89:6.6) et les quarante-trois autres concernent la place de cette cité dans le parcours de Jésus.

Pour ce qui est de l'épisode qui nous occupe, on peut lire l'article publié en 2015 par David Down sur Hope Channel : The Jericho Evidence, où l'auteur explique que lorsque les Israélites en ont pris possession de Jéricho, ses murailles n'étaient déjà qu'un tas sable, et ce depuis six-cents ans. La Bible, finalement, a simplement fait un petit raccourci.

Voir aussi la conférence d'Avraham Faust sur l'installation des Israélite en Canaan.: The Emergence of Iron Age Israel (vidéo).






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SAMSON ET DALILA Juges 16

  • Par la grâce de Yahweh, une femme stérile met un enfant au monde, qu'elle nomme Samson. Élevé en nazir (consacré à Dieu) Samson est doté d'une force prodigieuse qui lui permet, devenu adulte, d'attaquer seul, armé d'une simple mâchoire d'âne, jusqu'à mille Philistins, le peuple qui domine alors Israël. les Philistins offrent de l'argent à une prostituée, Dalila, pour qu'elle lui extorque le secret de sa force. Samson finit par lui révéler que celle-ci tient à ses cheveux. Dalila lui rase alors la tête dans son sommeil, et les Philistins le capturent. Les yeux crevés, réduit en esclavage, Samson est exposé au public lors de festivités. Mais ses cheveux ayant repoussé, il s'appuie sur deux colonnes de toute sa force revenue, et fait s'écrouler la maison sur les trois-mille personnes qui s'y trouvent.

Cet épisode se trouve dans le Livre des Juges, qui décrit l'époque située entre l'arrivée en Canaan et l'avènement de la monarchie. Il couvre ainsi un peu plus de trois siècles, durant lesquels Israël fut épisodiquement sous l'autorité de chefs, choisis pour leur aptitude à diriger la nation en période de crise. Douze de ces juges y sont présentés, le dernier étant Samson, qui aurait occupé cette fonction pendant vingt ans.





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De nos jours, cependant, tous les personnages de ce livre biblique sont considérés comme fictifs, des figures symboliques.
Dommage. Encore un héros aux exploits fabuleux auquel on doit cesser de croire.

Mais peut-être pas tout-à-fait.:

135:1.2 Jean prononça les mêmes vœux perpétuels que ses illustres prédécesseurs, Samson et le prophète Samuel. Un naziréen pour la vie était considéré comme une personnalité sacrosainte.

140:5.16 Il n’est pas nécessaire d’être insensible pour être viril ; c’est la mauvaise manière de créer des hommes courageux. Les grands hommes de ce monde n’ont pas eu peur de s’attrister. Moïse, l’affligé, était un plus grand homme que Samson (…)

Selon le Livre d'Urantia, Samson aurait donc existé. C'est assez logique, somme toute. Les ré-écrivains de la Bible n'ont pas vraiment inventé. Ils ont juste arrangé les histoires, pour servir leurs objectifs, en ajoutant des éléments empruntés ici ou là. Beaucoup d'observateurs, par exemple, comme Othniel Margalith trouvent de fortes corrélations entre Samson et Hercules.

Mais certains passages sont très particuliers, comme par exemple celui où Samson envoie trois cents renards, équipés de flambeaux, brûler les champs des Philistins (Juges 15:3-5).





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Rien de surnaturel, cela dit, quand on lit ce passage dans la Bible. Pas très cool pour les bêtes, évidemment. Mais alors, qu'y a-t-il de vrai et de faux dans tout cela.? Les révélateurs, une fois de plus, ne le disent pas. On peut s'en faire une idée par soi-même, en jetant un œil sur le récit de la vie de Samson, assez peu connue en dehors de sa fin épique, dans la Bible, Juges 13 à 16, ou sur Wikipédia, exhaustif et au style plus moderne.







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DAVID ET GOLIATH 1Samuel 16-31


C'est peut-être l'épisode biblique le plus connu. Un mythe universel, dans lequel chacun, un jour ou l'autre, peut se reconnaitre. En tout premier lieu, bien sûr, le peuple d'Israël, petite nation confrontée tout au long de son Histoire aux géants. Faut-il rappeler ce récit.? Non, bien sûr.

Mais bon, allons-y quand même.:

  • Goliath, un Philistin de près de trois mètres de haut, invite les Israélites à un combat singulier, destiné à mettre un terme à la guerre opposant les deux nations. Personne ne relevant le défi, le jeune berger David se présente, armé simplement de sa fronde, contre un Goliath cuirassé de pied en cap. David le tue alors d'une seule pierre dans le front, ce qui provoque la déroute des Philistins.

Le Livre d'Urantia retrace les étapes principales du parcours de David (97:9, 5 à 15). Mais le personnage qu'il met en scène n'est pas un jeune pâtre. C'est un chef de guerre, qui parviendra au pouvoir suprême en trahissant Israël au profit des Philistins (97/9/5). Le portrait que le livre dresse de David est assez sinistre, à l'opposé du héros idéal façonné par l'Ancien Testament. Mais Comment David est-il arrivé à la tête d'une armée ? Selon la Bible, c'est le roi Saül qui l'aurait placé à ce poste, suite à sa victoire sur Goliath. Le récit du L.U., cependant, ne mentionne pas ce duel, ni d'ailleurs quoi que ce soit concernant David avant ces évènements.

Du moins pas dans ce fascicule.

Car plus tôt, dans un fascicule traitant d'un tout autre sujet, on trouve cette remarque.:

70:1.19 Les premières guerres eurent lieu entre tribus entières, mais, plus tard, lorsque deux individus appartenant à des tribus différentes avaient une dispute, ils se battaient en duel au lieu d’entrainer les deux tribus dans une bataille générale. La coutume s’établit également pour deux armées de tout miser sur l’issue du combat entre deux représentants choisis de part et d’autre, comme ce fut le cas pour David et Goliath.


Dommage qu'on n'ait pas eu cette idée en 1914 et en 1939…
Mais il y a trois-mille ans, ce combat singulier aurait donc bien eu lieu.






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Après tout, cet épisode-là non plus n'a rien de surnaturel. Une chose, cependant, peut paraître étonnante. La fronde est une arme très efficace pour la chasse, ou alors dans des échauffourées entre bergers. Mais contre un individu tel que le décrit le Livre de Samuel, casqué, lourdement cuirassé, pourvu d'un bouclier, et qui plus est dans un combat singulier où il vous voit parfaitement en train de faire tournoyer le projectile, et a tout le temps d'esquiver ou de le parer… Cela paraît extrèmement difficile.

Pour ce qui est du casque. il s'en trouvait déjà dans l'antiquité qui comportaient des protections frontales. Cependant des représentations égyptiennes de guerriers philistins montrent que, sur ce plan, ils étaient effectivement plutôt à découvert.:







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Ces tenues datent du XIIe siècle av. J.-C., alors que l'on situe David entre le XIe siècle et le Xe siècle.² Mais l'armement évoluait beaucoup moins vite en ces temps reculés que de nos jours.

Pour le reste, la masse du Philistin, et la lourdeur de son équipement, peuvent avoir nuit à son agilité. Ces images montrent que ces combattants étaient beaucoup plus légèrement vêtus que dans la description biblique (1Samuel 17:4-7) mais on sait qu'en général les plus fortunés, ainsi sans doute que les champions, étaient mieux équipés. Sans que cela soit toujours un avantage, d'ailleurs, puisque c'est le poids de leurs armures qui a entraîné, par exemple, le désastre de la chevalerie française à Azincourt (France Archives.fr).


Tout cela a donc très bien pu se produire. Sinon exactement tel que la Bible le raconte, du moins à peu de choses près…





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SALOMON ET LA REINE DE SABA 1 Rois 10, 1-13)


Si la légende biblique a fait de David un héros mythique, elle a fait de son successeur Salomon le plus grand des rois, autant pour sa sagesse, que sa richesse et l'étendu de son pouvoir. Plusieurs livres de la Bible narrent ses exploits ou vantent ses mérites (2nd Samuel, 1er Rois, 1er et 2nd Chroniques) et trois autres lui sont attribués (Proverbes, Cantiques des Cantiques, Ecclésiaste). Il est considéré comme un prophète important par l'Islam, comme l'auteur d'ouvrages apocryphes, poétiques, et scientifiques, mais aussi comme un grand «.initié.», magicien et ésotériste par divers courants.






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Le Livre d'Urantia quand à lui, est un peu plus sobre.:

97:9.16 Après la mort de David, Salomon expurgea l’organisation politique de toute influence nordique, mais n’abandonna rien de la tyrannie et de la taxation du régime de son père. Salomon ruina la nation par les prodigalités de sa cour et par son programme élaboré de constructions comprenant la maison du Liban, le palais de la fille du pharaon, le temple de Yahweh, le palais du roi et la restauration des murs de nombreuses cités. Salomon créa une imposante marine hébraïque, fonctionnant avec des marins syriens et commerçant avec le monde entier. Il avait près de mille femmes dans son harem.

Voilà tout ce que dit la Cinquième Révélation de ce monarque. Elle évoque malgré tout la Sagesse du roi Salomon (86:1.6) notamment comme une compilation tardive de principes philosophiques empruntés à des grecs ayant vécu bien après lui.:

121:6.3 La double pénétration de la philosophie platonicienne et des doctrines stoïciennes ressort dans la Sagesse de Salomon. Les Juifs hellénisés apportèrent aux Écritures des Hébreux une telle interprétation allégorique qu’ils ne trouvèrent aucune difficulté à conformer la théologie hébraïque à la philosophie aristotélicienne, qu’ils révéraient.


La reine de Saba

Dans l'Ancien Testament, la reine de Saba est mentionnée bien plus brièvement que son hôte judéen (1R10:1-13) mais sa notoriété et son caractère légendaire sont sans doute aussi grands. Son prestige doit beaucoup à ses relations réelles ou supposées avec Salomon, mais dépasse aussi largement le cadre des religions judéo-chrétiennes et coraniques.

Pour autant, il n'a pas dépassé, manifestement, celui de notre planète, puisque nos révélateurs d'outre-monde ne jugent pas utile de citer simplement son nom. Mais, après tout, c'est une belle légende qui, grâce à cela, peut rester intact, et continuer à vivre dans la mémoire des hommes.





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Pour en savoir davantage, néanmoins, on pourra s'en remettre à nos chercheurs d'ici-bas, lesquels, ne bénéficiant pas des rapports d'observateurs célestes, ont d'autant plus de mérite à essayer d'élucider les mystères de l'Histoire (voir notes)

Après Salomon, la Bible relate les évènement qui conduisirent progressivement aux grands chambardements et à la fin des royaumes hébraïques. Mais cela a été abordé précédemment (La Bible revisitée 3)

Ce fil, comme beaucoup de ceux initiés sur ce forum, a pour but d'essayer de familiariser au Livre d'Urantia ceux qui le découvrent. Il ne faudrait pas cependant qu'ils en retirent l'impression que, concernant l'Histoire de notre planète, la Cinquième Révélation n'est qu'une briseuse de mythes, une défaiseuse de rêves. Les aventures des différents protagonistes humains, suprahumains ou divins n'y manquent pas non plus d'épique, de romanesque, et de surnaturel. Mais il est vrai que cette mise à jour de nos traditions laisse peut-être moins de place aux péripéties et à l'anecdote, qui font le charme des récits d'antan.

Mais après tout, si une révélation existe, c'est pour être à tous égards différente des autres.






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C'est vrai pour tout d'ailleurs, révélation ou pas. Y compris, par exemple, pour les prochains développements de ce sujet, qui devraient plutôt se dérouler dans une autre section.

Alors à une prochaine fois !





Renvois.:
  1. En même temps que le recueil «.Contes et Légendes d'Israël.» l'éditeur publia une variante «.Épisodes et récits bibliques.», pour éviter sans doute le mot «.légende.» qui peut choquer les croyants. Pourtant ce mot vient du gérondif latin legenda, signifiant «.ce qui doit être lu.». Aujourd'hui la collection «.Contes et Légendes.» existe toujours (voir catalogue) mais aucun de ces deux livres n'y figure. Certains de ces épisodes cependant sont développés dans la collection «.Histoires de la Bible.» (tous les titres ici).
  2. André Lemaire, Les royaumes de David et de Salomon, Le débat et ses enjeux méthodologiques, cairn.info, 02/2011
  3. Francisco del Rio Sanchez, La légendaire reine de Saba : ce que révèle l'archéologie, National Geographic, 08/06/2021



Pour en savoir plus.:




Wikipédia.:

Prosper
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Enregistré le : mer. févr. 22, 2023 3:22 pm

Re: La Bible revisitée

Message par Prosper »

Pourquoi la sainte Église, catholique, apostolique et romaine ne s'est-elle pas exprimée sur le Livre d'Urantia alors qu'elle se positionne sur tous les écrits spirituels ?
Trop beau pour être faux
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